On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve

Héraclite fût un philosophe de l’ère présocratique, c'est-à-dire un penseur précédant Socrate. Il s’interrogea sur l’origine du monde en laissant de côté les explications mythiques servies par les poètes. Comme d’autres, dont Thalès, son sujet de réflexion se porta sur l’identification de l’élément unique et inchangeable, fondateur de la nature. Certains conclurent qu’il s’agissait de l’eau, d’autres du feu. Pour Héraclite, la substance originelle est le changement. L’ordre naturel n’est qu’apparent dans sa dimension ordonnée car il résulte de multiples associations des contraires, qui certes s’affrontent de prime abord mais se concilient ensuite, sous une pression dialectique, pour créer toute nouvelle chose. Le changement est une condition intrinsèque de cette harmonie qui se dessine sous nos yeux sous la forme du cosmos. L’homme, en tant que composant du monde est donc une somme de contradictions, qui évolue dans un environnement perpétuellement en mouvement. S’il lui vient par exemple l’idée de se baigner dans un fleuve, qu’il sache que jamais plus il ne le retrouvera absolument comme la première fois où il s’y plut car entretemps le mouvement aura produit ses effets. Il en est d’ailleurs ainsi d’un cours d’eau comme celui de la vie.